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1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 23:50

feu-rouge.jpg

 

 

Voici un petit texte, écrit cette année, pour une grande dame que je croise parfois les soirs où je vais "à la ville".

Ceux qui se baladent parfois, entre la Plaine et le Cours Ju, la reconnaîtront peut-être.

D'ailleurs ça me fait penser que j'ai une ardoise de 50 centimes chez elle...

 

 

 

 

Le temps d'un feu rouge

 

 

Au feu rouge du coin, elle vend du pain,

Elle vend du pain, au feu rouge du coin,

mais pas au feu vert,

parce qu'au feu vert, les gens démarrent.

 

Aux automobilistes calfeutrés dans leur voiture, elle tend ses mains,

Ses mains pleines de sacs plastiques, qui sont eux-mêmes remplis de pains,

qui sont tout plein de mie.

 

Elle ne fait ça que le temps d'un feu rouge,

parce qu'au feu vert, les gens démarrent.

 

Et puis s'éloignent.

 

Et la silhouette de cette femme,

dans leur rétroviseur, devient toute petite,

et la silhouette de cette dame,

dans leur quotidien, devient toute petite.

 

 

Pour moi, je me souviens, c'était un mardi soir,

et dans la file de voitures, j'étais loin derrière.

En effet, le feu allait bientôt passer au vert.

A ma fenêtre, elle a souri,

me montrant ses sacs remplis,

oui, tous remplis de pain.

Et j'ai fait un "Non merci" de la main.

Il me semblait que le feu allait bientôt passer au vert ...

 

A une autre vitre elle a tapé,

ils n'en ont pas voulu non plus.

 

" Hé, pssst... Nicole, as-tu tant le feu au cul,

que tu ne prends pas le temps d'acheter du pain?

A moins que, qui sait, peut-être, promettais-tu,

 à tes pièces de monnaie un meilleur destin? "

 

Un euro, c'est un euro.

 

Oui, certes, un euro c'est un euro.

Mais la valeur de cet euro, dépend surtout de la main qui le tient.

Et pour elle, visiblement, ce n'est pas rien.

 

Alors, j'ai vite tourné la manivelle, baissé la vitre de ma fenêtre, et j'ai crié: "Madame, madame!"

 

Et contre 1,50 euro, elle m'a filé du pain

et les grandes lignes de sa vie:

 

" J'étais aide à domicile... mais j'ai du finir par m'arrêter... On m'a dit: "Suzanne, vous devez vous arrêter"...

maintenant, j'ai bien une retraite... mais 350 euros...

enfin, bref, en tout cas, le pain que je vous vends, il est frais, c'est un très bon boulanger qui me le donne...

une des meilleure boulangerie de Marseille..."

 

 

Suzanne, c'est son prénom.

 

Et le feu est passé au vert.

Je l'ai vu au reflet changeant de son visage.

Elle m'a dit : " Vous reviendrez?"

Cela fait longtemps qu'on ne m'a pas dit ça.

Voire, c'est peut-être la première fois...

 

 

Au feu rouge du coin, elle vend du pain,

Elle vend du pain, au feu rouge du coin,

mais pas au feu vert,

parce qu'au feu vert, les gens démarrent.

 

 

Et là, moi aussi, j'ai démarré,

et puis je l'ai vu s'éloigner.

Dans mon rétroviseur, elle est devenue toute petite,

et au premier virage à droite, elle a disparu

de ma vie, de ma vue.

 

Enfin, jusqu'à un prochain mardi.

 

 

 

 

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29 juin 2010 2 29 /06 /juin /2010 20:28

fantome.jpgDésolée pour le retard, j'étais au pays basque, alors il a fallu que je mange du fromage de brebis pour faire comme les vrais basques, et ça m'a pris du temps... et encore, je n'ai ni joué à la pelote, ni mis le béret ou le gilet en mouton.

Mais, la prochaine fois, je mettrai le tout avec le long pif comme dans la pub d'Etorki, et là, c'est sûr...je passerai....in-a-per-çue.

 

Bon cela dit, ça ne répond pas à la question du jour: Qu'est-ce-que je vais devenir ?

Non, ni professionnellement, ni amoureusement, mais qu'est-ce-que je vais devenir: concrètement?

 

La question, c'est pas de savoir ce que je vais devenir dans ma vie (ça, j'ai déjà quelques pistes) mais ce que je vais devenir...dans ma mort?

 

Est-ce-que, après avoir enterré mon corps, on va récupérer mon âme, la faire bouillir pour effacer les tâches, avant de la recoudre sur un corps tout neuf?

Pour le moment, je n'en sais rien, je n'ai que des hypothèses, mais je sais que certains ont bien eu une idée pour moi (...et pour vous...).

Alors au cas où vous aussi, vous vous interrogez sur votre devenir charnel et spirituel, lisez attentivement ce qui suit, cela pourrait vous éviter quelques désagréments.

 

L'histoire se déroule au Caire, alors que j'avais 19 ans (et toujours pas de seins).

J'étais partie 3 semaines là-bas pour participer à un "chantier pour jeunes utopistes" avec Soeur Emmanuelle (enfin, son association, pas elle en personne).

 

Dans mon groupe, nous sommes 4

1) Sabine:  une alsacienne, la quarantaine, bouddhiste mais avec des principes un peu affreux parfois.

Exemple, en voyant un pauvre âne galeux, accompagné d'un enfant tout aussi galeux, elle nous dit:

"Moi, j'ai plus pitié pour ces pauvres animaux que pour les gens...parce que les animaux, ils n'ont rien demandé..."

2) Benjamin: jeune homme de Nice,  petites lunettes et  cheveux chatains, la vingtaine passé, tranquille, posé, sage sans être ennuyeux.

3) et enfin, Jean-Baptiste: un gars du Nôrd, la vingtaine aussi, à la peau blanche- rouge (mais jamais bronzée). Jean-Baptiste est férocement croyant et pratiquant (et j'insiste bien sur le mot "férocement"...). Selon lui, la Bible n'est que vérité, un livre dont tout doit être assimilé tel quel... mais malgré, ce côté très lourd, il sait être très drôle, voire attachant (euh...souvent à son insu). En effet, dans sa bouche, presque tous les "A" deviennent des "O"  (ainsi, il ne boit pas l'eau minérale "Baraka", mais de la "Boroko"...) , et son anglais est si mauvais que, quand il part chercher un dessert, non seulement il revient avec un genre de gratin de courgettes, mais il dit sans sourciller :" Pô grove... j'aime bien, moi,  les courgettes...".

4) la quatrième, c'est moi.

 

Notre chantier: retaper une école dans le quartier des Chiffonniers.

Le quartier des Chiffonniers est (était?) une décharge gigantesque à ciel ouvert, où des pauvres gens arpentent tout le jour  durant, les immenses surfaces de déchets dans le but de les trier et de gagner ainsi quelques sous.

Ce projet se voulait donc physiquement et humainement difficile...enfin.. sur le papier... parce que, dans la réalité, en tant que braves européens pleins de bonnes intentions, nous sommes très très ménagés.

Ainsi chaque matin, une voiture vient nous cueillir à la sortie du métro pour nous amener jusque dans l'école en question, et une fois, dans l'école, le portail fermé, on ne nous confie que des travaux de peinture: peindre des tabourets, des chaises, des panneaux... tous déjà peints par les petits européens de l'année précédente...

Au début, je trouvais ça un peu dommage qu'on puisse pas approcher ce qu'on était venu chercher...

Mais bon, plus tard, je me suis dit que probablement, non, on ne s'improvise pas "sauveur de la planète" en se plongeant dans la misère humaine trois semaines dans sa vie... la misère humaine aussi a une dignité... peut-être celle de ne pas être vue, juste pour être vue... parenthèse terminée.

 

Bref, l'école dans laquelle nous sommes, est une école chrétienne, et les gens qui y travaillent sont tous chrétiens coptes orthodoxes.

Comme, au Caire, les chrétiens sont l'objet de lois un peu absurdes* qui visent à "limiter leur propagation", la communauté est non seulement très soudée, mais aussi très croyante et très pratiquante.

ex: une église ne peut pas être construite à moins de 100 mètres (ou plus?) d'une mosquée et son clocher ne doit pas dépasser le minaret des mosquées les plus proches, alors que les 2 cas inverses sont possibles.

 

Un jour, alors que je repeins inlassablement d'autres chaises, je discute avec les 3 institutrices égyptiennes de l'école, d'abord de mariage, puis de religion.

 

Déjà, sur le premier sujet, un fossé culturel se fait vite sentir : elles sont assez perplexes de me savoir avec un chéri sans qu'il soit mon mari, et par ailleurs, mes sourcils ne défroncent pas quand l'une, Mary, m'explique qu'elle va bientôt épouser son cousin germain qu'elle n'a rencontré que deux fois.

Mais jusque là, même si la compréhension mutuelle n'était plus vraiment de la partie, une communication était encore possible...

 

Lorsque nous avons ensuite abordé le thème de la religion, j'ai fini par avouer à un moment, que non, je ne croyais pas en Dieu.

Et soudain, c'est le drame.

A leurs yeux, il semble que le sol se soit dérobé sous mes pieds.

 

Je crois que j'aurai pu annoncer que j'étais une prostituée toxicomane leucémique, que je n'aurai pas tant attirée de pitié et d'incompréhension de leur part. Dans leur 3 paires de yeux, je pouvais lire la peine, la vraie.

 

" No, non, Nicoule... (oui, les égyptiens parlent avec un accent qui ressemblent térangement à celui d'Abou dans les Simpson) ... Nicoule, you can not say zat.... You must bilive in God... Yes, you must bilive in Jisus Christ, and in the Bible... Nicoule..."

 

Alors moi, j'ai bien tenté de m'expliquer, en disant que, pour moi, la religion était plus une question de tradition, plus liée à la culture qu'à la croyance (je l'ai pas dit comme ça, mais c'est ça que je voulais dire...) et que probablement, si j'étais née ailleurs, j'aurai peut-être été musulmane, bouddhiste ou..?

 

"Non, no, Nicoule, Nicoule... The Bible is the ounly one... This is ounly the truth... the real book... because the first, Nicoule.."

 

Devant mon absence de réaction, elles ont fini par me dire:

 

" Nicoule... If you don't bilive in God: you will go to Hell..."

" Yes, You will gou to Hell, and you know... in Hell, you will burn, burn, and burn... every day."

" Every day of the eternity, you will burn, burn... and NEVER DIE."

 

Pétard, le verdict est très clair... je vais brûler chaque jour de ma vie...durant toute ma mort.

 

Heureusement, juste après l'annonce de cette terrible sentence, Jean-Baptiste qui était non loin de nous, s'approche de moi et me dit doucement:

" Hé, Nicôle... t'inquiète pô... T'sais, ço vo pô s'posser comme ço, en fait..."

 

Je suis alors étonnée: le JB serait-il un être moins fermé qu'on ne le suppose? Serait-il en train de faire preuve d'un peu de compréhension vis-à-vis de la brebis égarée que je suis?

 

" Nôn... en fait, ce qui vo se posser, c'est que à ta mort, tu vas voir opporaître un christ de lumière à tes yeux... et là, si tu le renies... ben là, oui, forcément, tu vôs en enfer...".

 

Ah d'accord... Ouf...

Ben, je suis rassurée là.

Non seulement rassurée pour la santé religieuse de JB qui visiblement, est au meilleure de sa forme, mais aussi pour mon devenir post-mortem.

 

Certes, je ne sais pas vraiment ce qu'est "un christ de lumière", mais j'imagine que ça doit avoir de la gueule, alors bon, même si je ne suis pas croyante, j'espère bien que je ne ferai pas cette bêtise de le renier, maintenant que je le sais... même morte...

 

Par contre, attention, ne vous faites pas avoir, on a bien dit "de lumière", le Christ, si vous voyez un Christ en plexiglas...ou en bois... réfléchissez à deux fois.

 

 

Bon, en attendant, un petit morceau aucun rapport, pour fêter l'été qui, en provence, s'annonce... ohohohooooow..très snoop quoi.

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25 juin 2010 5 25 /06 /juin /2010 11:42

frère-panier

 

L'instinct maternel ne s'apprend pas, paraît-il... ça prend tout court.

Ca prend la maman, au ventre, à la tête, l'esprit,  du premier jour jusqu'à tous les autres qui suivent.

J'ai beau avoir 28 ans, et zéro fracture à mon compteur, quand je pars de chez moi, ma mère me dit toujours:

 

 "Tu fais attention, hein, sur la route...".

 

 

 

 

Alors moi, des fois, je lui réponds: "Ah...bon, d'accord...c'est dommage, je comptais rouler à contre-sens sur l'autoroute...avec une cagoule sur les yeux...", mais bon, au fond, j'ai bien reçu le message ("S'il te plaît, ne meurs pas").

C'est comme ça: les mamans, et les papas, bien sûr, ont un sens aiguisé de l'attention concernant leur marmaille chérie.

 

Enfin aiguisé, aiguisé... dans l'intention, c'est ça...mais des fois, la réalité est un poil plus approximative...

 

Pour preuve le deuxième épisode de "ma mère et ses fils à la plage".

 

Comme souvent, ma mère partit , par beau temps, se faire bronzer à la plage de la Pointe Rouge avec son fils ainé. Elle installa sa serviette non loin du bord de l'eau, jetant un oeil attentif, de temps à autre, sur son fiston de 3 ans (ou en peu plus) occupé à faire des patés de sable, ou un tas de choses extraordinaires.

 

Elle bronze, lit "le Monde", lève la tête: son fils est toujours là, plongé dans les seaux, les eaux, le sable.

Elle se tourne, ferme le yeux, paufine son bronzage 5 min, puis se relève, prend son journal, jette un oeil vers son jeune fils en maillot vert : il est là, il s'amuse, tout va bien.

Elle reprend sa séance de bronzage avec joie et paresse... séance de bronzage pertubée, un instant, par l'appel du poste de secours le plus proche:

"Un petit garçon de 5ans attend ses parents au poste de secours... Un petit garçon de 5 ans attend ses parents au poste de secours... ".

 

L'instinct maternel force ma mère à se lever, bien qu'elle n'ait pas de crainte pour sa progéniture âgé de bien moins que 5 ans , vérifie de nouveau que son fils est bien là: et oui, il est là. Il joue quelques mètres plus loin. Tout va bien.

 

Elle reprend tranquillement la lecture de son journal, en même temps que sa peau continue de bronzer sous le cagnard estival.

Un quart d'heure passe.

"Le petit garçon de 5 ans attend ses parents au poste de secours... le petit garçon de 5 ans attend ses parents au poste de secours"

 

Ce n'est pas le sien, puisque le sien, de Guillaume, est juste là, à quelques mètres de sa serviette, en maillot vert, en train de jouer. Elle peut donc bronzer tranquille.

Dix minutes passent.

"Le petit garçon de 5ans attend toujours ses parents au poste de secours... le petit garçon de 5ans attend toujours ses parents au poste de secours".

Visiblement le responsable du poste de secours s'impatiente, et parallèlement la mère Ferroni aussi.

Elle s'interroge... "Quand même...ça doit faire presqu'une demi-heure maintenant qu'il y est ce gamin..."

Ca va que le sien est toujours là, sous ses yeux, en train de faire des châteaux de sable, avec d'autres enfants... Oui, le sien, au moins, elle le surveille, et elle le voit de là où elle est...elle peut l'observer, finir de creuser un trou devant son chateau, puis aller et venir, puis rincer son seau, puis suivre cette dame...euh...Suivre cette dame?

Ben, qu'est-ce-qu'il fait là?

 

Soudain, elle se relève, perplexe de voir son fils se barrer avec une autre maman qu'elle, elle retire ses lunettes de soleil et s'approche, pour s'apercevoir que son fils...n'est pas son fils.

 

Le gamin en maillot vert qu'elle surveille si patiemment depuis une heure n'est autre...qu'un illustre inconnu.

 

"Miiiiince...."

 

(mais bon, pour sa défense, il est vrai que c'était peu fair-play, de la part de l'autre mère, de vêtir son fils d'un maillot ressemblant, sur une silhouette ressemblante..)

 

Et voilà que la mère "indigne" accourt au poste de secours... en vue de récupérer ce gamin qui était finalement le sien.

 

La légende familiale raconte maintenant que, devant les remontrances des secouristes, ma mère leur aurait rétorqué comme argument implacable:

" Mais oui, mais bon, vous avez parlé d'un gamin de 5ans...alors, forcément...le mien n'en a que 3... "

Mon frère était grand pour son âge, quelle idée...

 

 

"Sur la plage abandonnéééés, p'tit Guillaume et crustacééééééés...."

 

 

N'allez pas croire que ce pauvre petit bout de chou attendait, traumatisé, le retour de sa maman, dans la mesure où il lui avait été offert pas mal de tour de manège, à l'oeil... (technique à retenir en cette période de crise).

 

D'ailleurs, n'allons pas dire que ma mère est indigne, puisque de nos jours, mon frère parle de cet épisode "douloureux", dans les termes suivants:

"De façon générale, je peux même dire que les abandons maternels étaient assez agréables (tours de manèges, glaces, bonbons, entendre mon nom au micro, etc...)"

 

  La vie d'ma mère, je te jure que c'est vrai... alors hein..

(N'allez pas non plus abandonner vos enfants, pour qu'ils vous aiment plus, quand même..)

 

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23 juin 2010 3 23 /06 /juin /2010 01:08

maki.jpgDes fois, on croit bien faire... et des fois, le hasard fait bien les choses. Mais des fois, ces deux types de "fois" ne coincident pas toujours...

La preuve en image (sans émile).

 

Alors qu'un soir, j'avais rendez-vous avec Cécile (une bonne amie) pour aller à un spectacle de théâtre ou de clown, j'ai eu la très bonne idée de lui proposer un petit japonais avant...

 

 

"T'aimes les sushis?"

"J'sais pas, je crois que j'en ai jamais mangé..."

"Et ça te dit d'essayer ou pas?... euh...t'aimes le poisson cru, au moins?"

"Euh..oui, oui..."

 

Cécile n'est pas farouche, et se laisse donc tenter par un repas sushi.

 

On s'assoit, à une jolie petite table, près de la porte d'entrée. Les autres clients, eux, sont déjà en train de choisir leur menu, ce qui, vu de l'extérieur, ne se comprend pas facilement...

Oui, parce que la première fois qu'on va dans un restaurant japonais, on a très souvent cette impression bizarre que tous les clients, autour de nous, jouent au "Touché-Coulé".

" Euh... M8?

- Non... P12, plutôt... ou alors P11..?

- Ouais, pas mal... mais je vais finalement choisir K5.

- Ok...moi, je reste sur P12."

 

En effet, dans un restaurant japonais, on ne commande ni un plat, ni un menu mais une... combinaison secrète: P8, G2, H4... 

Pour l'instant, selon ma seule hypothèse, ce langage codé (qui se retrouve dans tous les restaurants japonais) viserait peut-être à éviter la fuite d'informations d'une table à une autre, pour éviter le classique "Désolé, y a rupture de stock de l'escalope à la milanaise"...

 

Exemple, comparons les deux cas:  

1) "Ca  a l'air bon ce que vous avez... c'est quoi?", "Une escalope à la milanaise", "Ah... ben, je vais prendre ça aussi, une escalope à la milanaise"

2) "Ca  a l'air bon ce que vous avez... c'est quoi?", "Euh...un P7...euh non, P6...? Chérie, j'ai pris quoi déjà...? un M7? Mais non, c'était un P quelquechose... ", " Non, mais vous embêtez pas...c'est pas grave... je vais bien finir par me décider... merci quand même.."

 

Bref, Cécile et moi, on a fait donc comme les autres et on a commandé ce qui ressemblait à un P7 et un M8.

Moi, j'avais opté pour un assortiment de makis à l'anguille (meilleure gourmandise salée au monde) et elle, pour un ensemble de California maki.

 

Dans la minute qui suit notre commande, on nous amène une petite salade de choux, et un petit bol de cette délicieuse soupe avec des cubes de tofu qui flottent. Pour le moment, tout se passe bien: Cécile n'a pas fait la grimace, elle apprécie son début de repas.

 

Arrivent ensuite nos "plats".

Nous: blablablabla...grom-grom (bruit de machâge)...ouais, c'est clair...blablabla...jure...miam, miam... blablabla... mais, au fur et mesure que Cécile mâche (du moins, se bat avec) ses makis california, je constate que ses sourcils se froncent. Et plus les bouchées avancent, plus ses sourcils se tordent.

 

" Ca va?"

- Euh, en fait...y a un truc que j'aime pas...mais je sais pas ce que c'est... je crois que c'est l'algue..."

 

Alors pour contourner ce problème, Cécile se lance dans un "dépiotage" (orthographe?) de chaque maki, ce qui pour les maki california est très peu pratique puisque, contrairement aux autres makis, l'algue est "dedans" et insérée en spirale.

Patiemment, elle déroule, un à un, chaque maki, dont elle ne mange que le riz.... mais les sourcils ne défroncent pas.

 

" En fait, je crois que... même le riz a pris le goût de l'algue..."

 

Persévérante (et affamée), elle mange encore un peu.

Soudain, je la vois prendre une bonne lichette de wasabi, bien vert bien fort, pour en tartiner sa bouchée de riz... puis je la vois avaler le tout sans sourciller.

Je pense: "Waouh... quelle couillue cette Cécile...".

Mais subitement, son visage vire au rouge, sa mâchoire se crispe, ses yeux s'exorbitent... 4, 3, 2, 1...

Elle ne tiendra pas plus que 4 secondes avec ce feu dans la bouche...elle recrache le tout (discrètement) sur son assiette.

 

Moi: " Je me disais aussi... je trouvais que tu l'avais un peu chargé..."

Elle: "Mais c'est horrible ce truc...je croyais que c'était du guacamole..."

 

Fou rire (moi, pas elle... enfin, si, mais une fois que sa bouche a un peu rescussité..).

Après, je commence un peu à culpabiliser, quand même... Cécile n'a plus grand chose à faire si ce n'est me regarder savourer mon repas (moi, j'aime bien l'algue).

 

De dépit, elle finit quand même par goûter la dernière chose de son assiette à laquelle elle n'a pas touché: les tranches de gingembre frais.

Elle en extirpe une du ramequin, au moyen de ses deux baguettes, et l'ingère.

 

Rebelote: peau rouge, crispation, yeux qui pleurent...elle recrache.

 

" Mais c'est pas du saumon ?!!...."

 

 Bon, là je capitule, j'en pleure de rire: on pouvait difficilement faire un plus beau strike culinaire...plus une seule quille debout.

(En même temps, c'est vrai que le gingembre frais en tranche, ressemble parfois à s'y méprendre, à des petites tranches de saumon fumé...)

 

Bref, petit bilan de cette expérience: l'assiette de Cécile est un champ de bataille, elle a la bouche en feu, mais le ventre vide.

Heureusement, pleine de sagesse, Cécile conclut, à la sortie du resto japonais:

"Non, mais c'est bien.. Au moins, maintenant, je sais que je n'aime pas le japonais."

 

 

Des fois, on croit bien faire...

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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 14:16

steven-cigale.jpgCe matin, je me réveille, et paf!! c'est l'été.

Du moins, c'est ce qu'aurait aimé me faire croire le calendrier, parce que le thermomètre, lui, est beaucoup plus sceptique... (tout, comme ma garde-robe qui, je l'avoue...cette année.... garde extrêmement bien les robes...)

Enfin, bon, aujourd'hui, si on jette un oeil sur un calendrier, il y a écrit:

                             Lundi 21 juin: Eté (St Rodolphe).

 

Moi, je n'ai jamais rien eu contre les Rodolphe, mais il est vrai que je m'attendais à un peu de chaleur, voire, à défaut, de tiédeur, pour illustrer ce concept annuel d' "été".

Dans ma tête, j'ai pensé: "il a bon dos, l'été... Non, vraiment, bravo... Ben, voyons...si ça, c'est l'été, moi, je me fais nonne.", et alors que je m'apprêtais à rejoindre le couvent le plus proche de chez moi* dans la Saxo blanche de ma mère, voilà-t-il pas que j'entends, sur le bord de la route:

 

 "ksii-kssii-kssii-kssii-kssiiiiiiiiiii....kssi-kssii- kssiii-kssii-kssii-kssiiiiiiiiiiii...",  

 

Pétard.

Ca, c'est de la synchronisation.

 

Premier jour d'été (officiel) : première cigale.

* En vrai, pour les aubagnais qui voudraient vérifier...ça s'est produit "route de la légion"... et pour le moment, elle est  seule, la fameuse cigale... une cigale pour tout un été, ça fait un peu maigre.

  

D'après ce constat consternant, il semble bien que, la cigale, pour prévoir sa sortie,  se contrefout de savoir si il fait chaud ou pas en été...

Apparemment, elle, ce qui lui importe c'est la date, et la précision de son planning, (et non la température). Point, à la ligne.

En même temps, la cigale, elle passe 7 ans à se lustrer les ailes, à s'engrossir, à se nettoyer ses antennes...alors tu penses bien qu'elle en a ras l'abdomen de zoner sous terre, et qu'elle n'a plus la patience d'attendre une semaine de plus que le réchauffement climatique veuille bien faire son travail... Non, elle, elle regarde son petit I-pad, et puisqu'il est noté, pour le 21 juin, que c'est l'été...et ben, elle sort et elle chante, qu'il fasse mauvais ou pas, et puis c'est tout.

 

Dans la tête de la cigale, c'est très simple, ça fait: " 21 juin = été = kssi-kssiii-kssiiii".

Et c'est pas une fourmi qui lui fera dire le contraire.

 

Donc, maintenant, on peut le dire, officiellement: c'est l'été.

 

 

En tout cas, moi, si un jour, je prends une cigale comme animal de compagnie, et ben, je lui collerai des cheveux longs bruns, je lui ferai faire des films d'actions sur des gros bateaux, et je l'appellerai Steven...

 

Pour ceux qui n'ont pas compris cette blague subtile...je laisserai un petit commentaire...mais bon, elle est facile...

 

  

 

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18 juin 2010 5 18 /06 /juin /2010 07:57

" Le 17 juin, la France était battue:

le 18 juin, elle s'est relevée gagnante."

 

affiche-rouge.jpgCe monsieur, de 80 ans, interrogé à la télévision, ce matin, ne parle pas de football.

Et il est bien le seul.

 

Il ne parle pas de la défaite footballistique de l'équipe de France, ni de sa mauvaise défense, ni de ses mauvais jeux de jambe, ni d'un sursaut d'espoir d'une éventuelle victoire contre l'Afrique du Sud.

Ce monsieur parle bien de la France, mais d'une autre France. Celle qui vieille de 60 ans, se relevait conquérante le 18 juin, pour lutter contre l'occupation. 

 

Le 18 juin 1940, le général de Gaulle lance son célèbre appel à la Résistance sur les ondes de la BBC  depuis Londres : refusant la capitulation de la France face à l’ennemi nazi, le général de Gaulle rejoint Londres afin d’y poursuivre le combat. Le 18 juin, il lance depuis la BBC son célèbre appel à continuer la lutte, acte fondateur de la France Libre : "Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas".

Suite à quoi, des milliers d'hommes, de femmes , courageux, fiers, affamés de liberté et de justice, éperdumment amoureux de leur pays, ont risqué, ont donné leur vie pour que tous puissent vivre en pays libre.

C'était il ya 60 ans, mais la mémoire n'a pas de retraite...

 

Ce matin, à la revue de presse, il semble que de tous les journaux qui soient parus, un seul d'entre eux, Libé, a titré sa une sur l'appel du 18 juin, les autres ne parlent que de l'humiliation sportive des bleus...

Et alors que je m'assieds quelques secondes devant les infos, avec mon frère, après le résumé du match, mon neveu nous dit, au moment ou les anciens combattants parlent émus: "C'est bon, tu peux arrêter [les infos], on a vu les buts d'hier soir". C'est plus que normal à 8ans. C'est normal aussi que les journaux usent de titres vendeurs, et "frais".

Mais bon...en ce 18 juin, j'ai un peu le coeur pincé...pour ces Léon, Georges, Jacques, Louise, Paul, Joseph, Missak...qui couvrent les monuments aux morts de nos petites villes de France.

 

Alors, aujourd'hui je ne vais pas m'apitoyer sur le sort des jeunes joueurs de foot, non pas parce qu'ils ne le méritent pas, mais parce que d'autres jeunes, morts pour la France dans nos maquis, méritent qu'on s'apitoie encore un peu sur le leur en ce 18 juin.

 

 

 

Si vous avez quelques minutes devant vous, vous pouvez prendre le temps d'écouter ceci.... "L'affiche rouge" d'Aragon.

 

 

 

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16 juin 2010 3 16 /06 /juin /2010 16:08

aérobicc-copie-5...nous l'allons montrer tout à l'heure.

 

A ces heures perdues de retraité, il arrive à mon père de devenir, le  temps d'une semaine ou d'un mois, "accompagnateur de voyage" bénévole, ce qui n'est pas toujours tâche aisée...

En effet, la plupart des touristes français qu'accompagnent mon père, ne s'avère pas toujours commode: lorsqu'ils ne sont pas complètement "Francine" *, ils se permettent, par exemple, de reprendre régulièrement le guide local en vue de lui apprendre l'histoire de son propre pays. 

" Pardon...mais...vous avez dit que cette région avait été occupée dès décembre 1916...mmm... vous vouliez certainement dire no-vem-bre 1916..."

* Le terme "Francine", que nous utilisons parfois,  fait référence à une madame que mon père a pu accompagner en voyage et qui lui est restée en mémoire pour ses mulptiples "forfaits". Exemple: elle s'était indignée que le vin français, au Vietnam, lui coûte plus cher qu'en France, et prenait la délicieuse habitude de confondre heure d'embarquement et heure de décollage, menaçant par deux fois de rater l'avion...et obligeant ainsi mon père de rester avec elle... d'où "Arrête de faire ta Francine..."

 

Mais bon, en ce qui concerne son sens de la taquinerie, il en faut un peu plus pour décourager mon père.

 

Ainsi, alors qu'il était au Vietman justement, mon père avait trouvé deux bonnes blagues à faire pour égayer ses journées:

1) Premièrement, il conservait en permanence un oeuf dur sur lui, pour le sortir de sa manche à l'improviste, de temps à autre (dans un temple, une rizière, dans le bus, dans un musée...),  comme un mauvais magicien de second zone, devant les yeux faussement ébahis (mais vraiment perplexes) de deux dames de son groupe qu'il avait pris en sympathie. 

2) Deuxièmement, il mimait, avec beaucoup d'aplomb, celui qui sait lire les idéogrammes vietnamiens, et suscitait ainsi l'admiration de ces mêmes dames..

Il se postait ainsi devant un panneau, et murmurait à voix haute, en déchiffrant les symboles:

"Malheur...à celui qui...prend...non, à celui qui ne prend pas...le temps de regarder...le buffle? oui, le buffle..."

- Mais vous lisez le vietnamien?!..

-  ...Disons, que je me débrouille... donc... de regarder le buffle dans la rizière, il le regrettera... euh...ça, par contre je vois pas....

Se tournant vers la plus proche:

-  Ce dernier signe, par contre, je vois pas...

- Non, mais déjà, vous vous débrouillez drôlement bien...

- ...mais, là... je sèche... à moins que... amer? Ah, oui, ça y est... "Il le regrettera...a-mè-re-ment"...oui, c'est ça... amèrement.

 

 

Un jour que mon père se baladait, avec son groupe, dans une rizière, tous purent admirer avec quel acharnement (si, si...) et quelle persévérance les paysans travaillaient pour irriguer leur récolte.

En effet, il faut savoir que les plants de riz poussent en milieu inondé, et que parallèlement, seules les terrasses les plus basses, celles qui sont à proximité de la rivière, ont constamment "les pieds sous l'eau".

Ainsi, pour inonder les terrasses les plus hautes, soit il existe des pompes qui alimentent en permanence les niveaux supérieurs, soit, en l'absence de pompe, la "remontée de l'eau" doit se faire manuellement.

Dans ce dernier cas, les paysans écopent régulièrement l'eau située en bas pour la remonter plus haut au moyen de cylindres larges de bambous, qui leur servent de seaux . Ainsi, durant plusieurs heures par jour, les pieds dans l'eau, chaque paysan se baisse, remplit son "bambou" d'eau, se dresse et d'un geste sec, jette le contenu du seau sur la terrasse d'au-dessus, où se trouvent d'autres paysans qui, à leur tour, font le même travail en vue d'arroser la terrasse en amont.

Ce travail est coûteux, long, fastidieux, et ainsi, aucun des paysans de cette rizière n'a le temps, ni le moyen d'engraisser son propre corps, tant cette tâche leur réclame une énergie importante.

Ils sont tous, hommes et femmes, très "secs": leur silhouette est frêle, des muscles fins encadrent les os de leurs bras, et ils ont pour la plupart des genoux plus épais que leurs cuisses...

 

A proximité de cette rizière se trouve un genre de bar où les touristes s'arrêtent après leur visite pour y boire quelque chose.

Dans ce bar, il y a une télé, et à cette télé, est diffusée une chaîne australienne. 

A cette heure-ci le programme est un cours d'aérobic, et à l'écran, on observe ainsi un troupeau de femmes en body fluo, muni d'un sourire Colgate, se dandiner de droite à gauche, puis sautiller sur des marches en plastiques, puis danser très naturellement avec des haltères , fluos elles aussi, sur une "musique de sauvage" comme dirait ma mère.

Dans ce même bar, est assis un petit vieux vietnamien, tout "sec" lui aussi, qui d'abord regarde, perplexe, les dindes sportives, puis qui, se tournant vers mon père arrive visiblement à lui dire (oui, parce que mon père non seulement lit, mais parle aussi le vietnamien...)

" Pourquoi vous faites tout ça, vous (= les occidentaux), il suffit de travailler... Elles, elles font ça... mais si tu travailles, tu n'as pas besoin de faire ça..."

 

Effectivement, "l'homme blanc" (c'est une expression de mon père pour parler de nous autres) a parfois des agissements parfois peu compréhensibles au yeux des autres de ce monde.

C'est sûr... si tu écopes toute la journée dans la rizière, tu n'as pas besoin d'aller au cours d'aérobic après, pour perdre le gras que tu n'as jamais pris...

 

Ainsi, la raison du plus pauvre est souvent la meilleure, nous l'allons montrer tout à l'heure...

 

 

 

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13 juin 2010 7 13 /06 /juin /2010 15:07

toto.jpg 

Comme tout le monde le sait (et c'est pas Jude qui dira le contraire), je suis actionnaire de la MJC d'Aubagne. "Actionnaire" au sens strict du terme (dans le sens que je suis en action quand je m'y ballade).

Et avant-hier soir, en ce samedi 12 juin, c'était la fête de la MJC justement (MJC = Maison de la Jeunesse et de la Culture, et non: Mouvement pour les Joints et la Cocaïne, comme certains pourraient le prétendre, ou le faire croire)

Au programme de ce soir-là, il est prévu, à cette soirée, un multi-spectacle-échange-partage-show, fait d'une compilation de danse africaine, chips, théâtre, de guitare, de hip-hop, de merguez, et de coca auxquels tous les aubagnais, ou non, étaient conviés gratuitement (oui... parce que, à Aubagne, tout est gratuit...même l'air atmosphérique).

 

Bref, en tant qu'adhérente de la MJC,comme les autres collègues, je suis "bénévole-polyvalente" à cette fête. A dire vrai,  je pensais initialement me charger du rôle sulfureux de barmaid, ce que je faisais habituellement aux fêtes précédentes...

"vous voulez...une ou...deux bièrrrrrrrrrres... mmmoui...ça vous ferrrra deux eurrrrros....".

 

Mais cette année, je me suis finalement retrouvée à la tête d'une entreprise particulière: "le Toto-maton".

Et là, vous vous demandez (ou pas du tout, d'ailleurs): "Mais ,qu'est-ce-que le Totomaton?"

C'est pas très compliqué.

Dans un photomaton, on y prend des photos de toi, dans un Totomaton, on te fait  "la tête à Toto"...

 

Dans l'aspect concret des choses: munie d'une table, de feutres et de scotch, je propose, durant la fête,  aux gens qui le souhaitaient et qui se présentent à moi, de leur tirer le portrait, version "la tête à Toto".

 

Tout le monde est à la même enseigne: deux ronds globuleux pour les yeux, munis de cils pour les filles et de gros sourcils pour les garçons.

Je surmonte ensuite la Toto-tête de cheveux jaunes pour les blonds, noirs pour les bruns, je rajoute une casquette si besoin, un peu de rouge-à-lèvres si il faut , je note le nom du "modèle" dessous et hop! V'là son portrait affiché.

 

Dans l'ordre viennent d'abord mes amis du théâtre (cobayes) : Jean, Jean-Luc, Youssef, Stéphane, Karine, le nez de Youssef, Christiane, Sabine... puis des autres qui ne me connaissent pas ou peu, mais se prennent au jeu quand même: Lucas et Rémy, Nathanaëlle et Dimitri, Nora, Chloé... mon affaire commence à tourner..

 

Vient alors la première "petite" fille, ma vraie première jeune cliente.

"Tu veux que je te dessine?".

Elle fait "oui" de la tête, affiche un petit sourire, se place bien face à moi et soudain, se fige de tout son être. Elle ne bouge plus d'un cil.

Là, je comprends qu'elle...pose...pour sa tête à Toto.

"Euh...mais, tu sais...euh...c'est pas un vrai dessin... très beau... moi, ce que je vais faire de toi...c'est quelque chose comme ça...".

Je lui montre les portraits affichés. Elle sourit, mais ne bouge pas.

Je me retrouve donc  à dessiner une tête à Toto à la petite Lysandra, qui je l'avoue, s'applique consciencieusement  à être un bon modèle... et ben, là, j'ai pas eu d'autre choix que de m'appliquer à mon tour... 

A la fin, je lui montre sa "tête": elle ne pleure pas. Ouf. Mission accomplie....je m'en suis bien sortie...

 

Puis suivent d'autres enfants , leur parents, leur cousins..je dessine, j'affiche, je dessine, j'affiche, je dessine, j'affiche...

 

Là, vient un jeune homme (après deux ou trois regards perplexes sur les portraits déjà affichés)

"Mais...c'est gratuit..?"

 

Dans ma tête, 2 pensées:

1) Toi, tu n'es pas d'Aubagne. Puisque je l'ai déjà dit, à Aubagne...tout...est gratuit.

2) Euh...est-ce-que tu as seulement regardé ces dessins... parce que....enfin...est-ce-que tu connais seulement une personne qui serait prête à donner de l'argent pour se faire dessiner au feutre, une tête à Toto...? (Si vous oui, laissez moi ses coordonnées...en commentaire)

 

Après une ou deux phrases échangées, je comprends mieux: il est belge.

Et non seulement il aime les frites (du moins, j'imagine) mais il a besoin d'une carte postale...il opte donc pour un totomaton de lui, en guise de carte... Mon affaire tourne de mieux en mieux: j'exporte le concept.

 

Bref, la soirée suit son cours, et alors que j'aurai du fermer mon stand Totomaton à 20h30, j'ai encore des tas de clients... Loane, Jenny, Lalie... Elyes, Noémie... et je fais donc des heures supp'...

 

Alors que je dessine la tête de sa grande soeur Loane, Lina ( 4 ans et demi, à tout casser) me dit :

"Tu sais que t'es belle, toi..?"

 

Euh???

 

Hein?...non..rigolote...à la rigueur...drôle, sympathique... mais belle?

 

J'ai du faire la même tête que Monica Belluci à qui on aurait dit: "Tu sais que t'es une p'tite rigolote, toi?".

Ca me fait bizarre."Belle" ne fait pas vraiment partie du registre, à quelques rares exceptions près.

 

"Euh...Merci, Lina... merci...beaucoup..."

 

Bref, à la question: "Qu'est-ce qui sort de la bouche des enfants?", je serai tentée de dire: la vérité, peut-être pas, mais des trucs chouettes, oui parfois.

 

(bon après, ça dépend des enfants...aussi... parce que la probabilité que l'un me dise :"C'est pour faire comme les garçons que tu sens pas bon?" est non négligeable...)

 

 

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12 juin 2010 6 12 /06 /juin /2010 00:08

avancemodif.jpg

 

Ne pas faire machine arrière... ne pas s'apesantir sur le passé, ne pas refaire les histoires finies... ne pas regarder en arrière...

Ne plus regarder derrière soi...

Mais avancer, sans cesse, et regarder droit devant...

Profiter de ce chemin qui se trace en même temps qu'on l'emprunte, s'enivrer de cette route qui se dessine sous nos pas, jusqu'à l'horizon.... et du futur qu'elle suggère...

Regarder son avenir en face...

S'alléger de tout ce qui est derrière nous, dans notre dos... pour ne voir plus que ce qui est devant: notre propre vie, à portée de main.

 

Pourquoi je parle de ça?

 

... Parce que, juste,  je cherche une bonne raison de me réjouir du fait qu'on m'ait pété mon rétroviseur, ce soir...

 

 

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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 22:55

jo le scoutAvant...jadis...quand mon père était jeune...pour désigner les "voyous", les "p'tites frappes", cette minorité de casseurs, de sans-loi, pour nommer ces jeunes délinquants...on n'utilisait pas le terme de "racaille"...

Non, à cette époque-là, on lui préférait l'expression de "scout".

Pour la simple et bonne raison qu'à cette époque, les racailles...et ben, ils étaient...scouts.

Du moins, il en était ainsi à St Marcel, à la Barasse, à St Menet et tous ces quartiers du 11ème arrondissement de Marseille.

A cette époque-là, d'ailleurs, l'un des chefs de patrouille était connu sous le nom de Geoffroy F.

C'est celui-là même que je m'emploie à renommer "Jo l'embrouille" (et vous comprendrez mieux pourquoi, au fil des lectures...).

 

Mon père était donc chef de patrouille chez les scouts de St Marcel, et, sous les couleurs de son uniforme, sous le signe de la croix catholique, sous le drapeau de son district, bref, sous tous les symboles qui faisaient de lui (et de ses compagnons) de braves scouts bien faits, se cachaient...ma foi, des racailles.

 

En effet, ce que je vous ai caché, par exemple, c'est que, dans la fameuse histoire du bassin saboté (cf  l'article: "Jo l'embrouille, grenade mon amour n°2), les principaux intéressés étaient...des scouts.

 

Non seulement mon père, ce "jeune con", celui-là même qui préférait encore se baigner dans un bassin plein de barbelés que de donner raison au nouveau propriétaire, était scout, mais en plus, il était "persévérant dans sa connerie" (ce qui, pour un scout, va à l'encontre du principe "d'expiation" de ses fautes...).

Et ce fameux sabotage de bassin n'était, en fait, que le premier épisode d'une série en trois chapitres se déroulant entre lui (accompagné de 2 ou 3 autres marioles) et le propriétaire de Valvert.

 

Et voici donc, le deuxième volet de cette série:

 

Après son premier forfait, mon père et ses compagnons de délinquance scoute étaient devenus les "bêtes à pourchasser" du domaine situé sur les hauteurs de Valvert.

Ainsi, visiblement, il arrivait qu'un petit groupe de quelques hommes soit dépêché par le propriétaire, rapidement, sur les lieux d'une éventuelle intrusion, et généralement, mon père et ses amis arrivaient à les semer sans trop de difficulté. D'ailleurs, ils s'en amusaient parfois: ils couraient comme des cabris dans la garrigue tant que "l'ennemi" était proche, puis ils se permettaient de l'attendre un peu, voire de le narguer quand celui-ci était à la traîne...

 

Mais on ne nargue pas impunément son adversaire...du moins, pas longtemps.

 

Un jour, alors qu'ils semaient une fois de plus les gardiens du domaine... (du moins, c'est ce qu'ils croyaient, parce qu'en fait, les deux hommes qui les poursuivaient, n'étaient que des rabatteurs...), les trois jeunes furent très surpris quand ils virent, au moment où ils s'apprêtaient à franchir le pont qui surmontait le canal de Marseille, dressés devant eux, deux autres gaillards, sortis de nulle part prêts à les cueillir...

 

Trois jeunes contre quatre gardiens...

 

"Bon, réfléchissons.... mince...y a pas de doute: 3 < 4..."

 

Et comment on fait, pour s'en sortir quand on est 3, et que eux sont 4?

 

Et ben , on retourne le problème... Car, certes:  3 < 4... mais par ailleurs... 3 > 2.

 

Bref, si "l'union fait la force", la division fait la faiblesse. C'est un principe de base à l'armée, ou dans n'importe quelle autre structure virile (club de supporter...): si t'es en position de faiblesse, tu divises le groupe de ton adversaire, et tu "castagnes"...petit à petit...

 

Ainsi, alors qu'ils étaient poursuivis par deux hommes (donc derrière eux), et que devant, se trouvaient les deux autres gardiens, nos trois jeunes ont commencé à emprunter le pont:

le premier passe le portillon en courant, le deuxième le suit de près, et quand le troisième passe, aussitôt il referme le petit portillon derrière lui et le bloque. Ainsi, les deux gardiens de derrière sont coincés...

Et voilà comment mon père et ses camarades ne se retrouvent non plus 3 contre 4, mais 3 contre 2 (les deux qui se tenaient devant, prêts à les cueillir...).

Bien sûr, ça n'a fait ni une, ni deux, les 3 racailles ont pris le premier gardien qui leur tombait sous le bras... coup d'épaule, coup de force et vlan...à l'eau!

 

Le deuxième s'étant immédiatement précipité pour porter secours à son camarade, jeté à l'instant dans le canal...la voie fut libre, et les trois zigues ont filé.

 

"Tu imagines, deux secondes, si le type il avait eu des "ennuis"... Pour peu qu'il sache pas nager... ça arrivait à cette époque... le mec, il mourrait noyé pour une connerie, et moi, je me retrouvais derrière les barreaux pour  10 ans...".

 

Mais cette fois là, encore, ils ont eu de la chance...et nos trois racaill...euh...scouts s'en sont allés sans trop d'encombres, et ils sont repartis comme ils étaient venus: à la sauvage...

 

 

 

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