Désolée pour le retard, j'étais au pays basque, alors il a fallu que je mange du fromage de brebis pour faire comme les vrais basques, et ça m'a pris du temps... et encore, je n'ai ni joué à la pelote, ni mis le béret ou le gilet en mouton.
Mais, la prochaine fois, je mettrai le tout avec le long pif comme dans la pub d'Etorki, et là, c'est sûr...je passerai....in-a-per-çue.
Bon cela dit, ça ne répond pas à la question du jour: Qu'est-ce-que je vais devenir ?
Non, ni professionnellement, ni amoureusement, mais qu'est-ce-que je vais devenir: concrètement?
La question, c'est pas de savoir ce que je vais devenir dans ma vie (ça, j'ai déjà quelques pistes) mais ce que je vais devenir...dans ma mort?
Est-ce-que, après avoir enterré mon corps, on va récupérer mon âme, la faire bouillir pour effacer les tâches, avant de la recoudre sur un corps tout neuf?
Pour le moment, je n'en sais rien, je n'ai que des hypothèses, mais je sais que certains ont bien eu une idée pour moi (...et pour vous...).
Alors au cas où vous aussi, vous vous interrogez sur votre devenir charnel et spirituel, lisez attentivement ce qui suit, cela pourrait vous éviter quelques désagréments.
L'histoire se déroule au Caire, alors que j'avais 19 ans (et toujours pas de seins).
J'étais partie 3 semaines là-bas pour participer à un "chantier pour jeunes utopistes" avec Soeur Emmanuelle (enfin, son association, pas elle en personne).
Dans mon groupe, nous sommes 4
1) Sabine: une alsacienne, la quarantaine, bouddhiste mais avec des principes un peu affreux parfois.
Exemple, en voyant un pauvre âne galeux, accompagné d'un enfant tout aussi galeux, elle nous dit:
"Moi, j'ai plus pitié pour ces pauvres animaux que pour les gens...parce que les animaux, ils n'ont rien demandé..."
2) Benjamin: jeune homme de Nice, petites lunettes et cheveux chatains, la vingtaine passé, tranquille, posé, sage sans être ennuyeux.
3) et enfin, Jean-Baptiste: un gars du Nôrd, la vingtaine aussi, à la peau blanche- rouge (mais jamais bronzée). Jean-Baptiste est férocement croyant et pratiquant (et j'insiste bien sur le mot "férocement"...). Selon lui, la Bible n'est que vérité, un livre dont tout doit être assimilé tel quel... mais malgré, ce côté très lourd, il sait être très drôle, voire attachant (euh...souvent à son insu). En effet, dans sa bouche, presque tous les "A" deviennent des "O" (ainsi, il ne boit pas l'eau minérale "Baraka", mais de la "Boroko"...) , et son anglais est si mauvais que, quand il part chercher un dessert, non seulement il revient avec un genre de gratin de courgettes, mais il dit sans sourciller :" Pô grove... j'aime bien, moi, les courgettes...".
4) la quatrième, c'est moi.
Notre chantier: retaper une école dans le quartier des Chiffonniers.
Le quartier des Chiffonniers est (était?) une décharge gigantesque à ciel ouvert, où des pauvres gens arpentent tout le jour durant, les immenses surfaces de déchets dans le but de les trier et de gagner ainsi quelques sous.
Ce projet se voulait donc physiquement et humainement difficile...enfin.. sur le papier... parce que, dans la réalité, en tant que braves européens pleins de bonnes intentions, nous sommes très très ménagés.
Ainsi chaque matin, une voiture vient nous cueillir à la sortie du métro pour nous amener jusque dans l'école en question, et une fois, dans l'école, le portail fermé, on ne nous confie que des travaux de peinture: peindre des tabourets, des chaises, des panneaux... tous déjà peints par les petits européens de l'année précédente...
Au début, je trouvais ça un peu dommage qu'on puisse pas approcher ce qu'on était venu chercher...
Mais bon, plus tard, je me suis dit que probablement, non, on ne s'improvise pas "sauveur de la planète" en se plongeant dans la misère humaine trois semaines dans sa vie... la misère humaine aussi a une dignité... peut-être celle de ne pas être vue, juste pour être vue... parenthèse terminée.
Bref, l'école dans laquelle nous sommes, est une école chrétienne, et les gens qui y travaillent sont tous chrétiens coptes orthodoxes.
Comme, au Caire, les chrétiens sont l'objet de lois un peu absurdes* qui visent à "limiter leur propagation", la communauté est non seulement très soudée, mais aussi très croyante et très pratiquante.
ex: une église ne peut pas être construite à moins de 100 mètres (ou plus?) d'une mosquée et son clocher ne doit pas dépasser le minaret des mosquées les plus proches, alors que les 2 cas inverses sont possibles.
Un jour, alors que je repeins inlassablement d'autres chaises, je discute avec les 3 institutrices égyptiennes de l'école, d'abord de mariage, puis de religion.
Déjà, sur le premier sujet, un fossé culturel se fait vite sentir : elles sont assez perplexes de me savoir avec un chéri sans qu'il soit mon mari, et par ailleurs, mes sourcils ne défroncent pas quand l'une, Mary, m'explique qu'elle va bientôt épouser son cousin germain qu'elle n'a rencontré que deux fois.
Mais jusque là, même si la compréhension mutuelle n'était plus vraiment de la partie, une communication était encore possible...
Lorsque nous avons ensuite abordé le thème de la religion, j'ai fini par avouer à un moment, que non, je ne croyais pas en Dieu.
Et soudain, c'est le drame.
A leurs yeux, il semble que le sol se soit dérobé sous mes pieds.
Je crois que j'aurai pu annoncer que j'étais une prostituée toxicomane leucémique, que je n'aurai pas tant attirée de pitié et d'incompréhension de leur part. Dans leur 3 paires de yeux, je pouvais lire la peine, la vraie.
" No, non, Nicoule... (oui, les égyptiens parlent avec un accent qui ressemblent térangement à celui d'Abou dans les Simpson) ... Nicoule, you can not say zat.... You must bilive in God... Yes, you must bilive in Jisus Christ, and in the Bible... Nicoule..."
Alors moi, j'ai bien tenté de m'expliquer, en disant que, pour moi, la religion était plus une question de tradition, plus liée à la culture qu'à la croyance (je l'ai pas dit comme ça, mais c'est ça que je voulais dire...) et que probablement, si j'étais née ailleurs, j'aurai peut-être été musulmane, bouddhiste ou..?
"Non, no, Nicoule, Nicoule... The Bible is the ounly one... This is ounly the truth... the real book... because the first, Nicoule.."
Devant mon absence de réaction, elles ont fini par me dire:
" Nicoule... If you don't bilive in God: you will go to Hell..."
" Yes, You will gou to Hell, and you know... in Hell, you will burn, burn, and burn... every day."
" Every day of the eternity, you will burn, burn... and NEVER DIE."
Pétard, le verdict est très clair... je vais brûler chaque jour de ma vie...durant toute ma mort.
Heureusement, juste après l'annonce de cette terrible sentence, Jean-Baptiste qui était non loin de nous, s'approche de moi et me dit doucement:
" Hé, Nicôle... t'inquiète pô... T'sais, ço vo pô s'posser comme ço, en fait..."
Je suis alors étonnée: le JB serait-il un être moins fermé qu'on ne le suppose? Serait-il en train de faire preuve d'un peu de compréhension vis-à-vis de la brebis égarée que je suis?
" Nôn... en fait, ce qui vo se posser, c'est que à ta mort, tu vas voir opporaître un christ de lumière à tes yeux... et là, si tu le renies... ben là, oui, forcément, tu vôs en enfer...".
Ah d'accord... Ouf...
Ben, je suis rassurée là.
Non seulement rassurée pour la santé religieuse de JB qui visiblement, est au meilleure de sa forme, mais aussi pour mon devenir post-mortem.
Certes, je ne sais pas vraiment ce qu'est "un christ de lumière", mais j'imagine que ça doit avoir de la gueule, alors bon, même si je ne suis pas croyante, j'espère bien que je ne ferai pas cette bêtise de le renier, maintenant que je le sais... même morte...
Par contre, attention, ne vous faites pas avoir, on a bien dit "de lumière", le Christ, si vous voyez un Christ en plexiglas...ou en bois... réfléchissez à deux fois.
Bon, en attendant, un petit morceau aucun rapport, pour fêter l'été qui, en provence, s'annonce... ohohohooooow..très snoop quoi.